Face à l’insécurité et aux changements climatiques, les communautés œuvrent pour améliorer leur résilience avec LoCAL
Trois des communes les plus vulnérables aux changements climatiques du Burkina renforcent la résilience de leurs communautés grâce à l’amélioration de leurs installations d’approvisionnement en eau et à la formation des populations sur la gestion des ressources naturelles et l’agriculture intelligente face au climat.
Les résultats de nombreuses consultations communautaires ont permis d’identifier les investissements d’adaptation qui répondent le mieux aux besoins locaux. Ces investissements sont financés à travers des subventions du Mécanisme de financement de l’Adaptation au niveau local (LoCAL), conçu et hébergé par le United Capital Development Fund.
Les subventions LoCAL permettent aux gouvernements locaux de mettre en œuvre des investissements visant à renforcer la résilience climatique à Saponé, dans la région du Centre-Sud ; à Loumbila, dans la région du Plateau-Central et à Pabré, dans la région du Centre. Cette commune abrite également un vaste camp de personnes déplacées. Les populations y ont souligné le besoin d’améliorer les installations d’approvisionnement en eau, qui seront également utilisées pour l’irrigation de jardins maraîchers afin de produire des cultures de haute valeur, telles que les tomates et les carottes, ce qui en retour amélioreront l’accès à des aliments plus nutritifs.
Les communes bénéficiaires sont parmi les plus exposées aux impacts des changements climatiques, notamment à la variabilité des précipitations, à l’augmentation des températures et à l’allongement des saisons sèches. Celles-ci font également face à une grave dégradation de leurs ressources naturelles, soumises à une pression croissante liée à la diminution des revenus agricoles et à l’accroissement de la population. La situation est en particulier aggravée par l’insécurité persistante liée aux combats entre le gouvernement et les groupes armés islamistes qui ont fait de nombreux morts et contraint près de deux millions de personnes à l’exil.
« Nous sommes très heureux et apprécions la réalisation du forage qui va nous être très bénéfique pour la protection de notre environnement et de notre activité maraichère. Nous allons pouvoir mener des activités génératrices de revenus au bénéfice de nos familles. » a déclaré Adèle Kaboré, membre du groupement d’intérêt économique Teega wend sid nooma de Pabré, qui compte quelque 336 membres.
LoCAL est un mécanisme national qui permet d’accroître la sensibilisation et les capacités de réponse aux changements climatiques au niveau local. Il favorise l’intégration de l’adaptation aux changements climatiques dans les systèmes de planification et de budgétisation des gouvernements locaux d’une manière participative et sensible au genre, tout en augmentant le montant des financements disponibles pour l’adaptation des collectivités. LoCAL combine des Subventions pour la Résilience Climatique Basées sur la Performance (SRCBP) avec un soutien technique et un appui au renforcement des capacités. Le mécanisme s’appuie sur l’effet de démonstration pour favoriser les flux de financement vers le niveau local, à travers notamment les transferts fiscaux nationaux et la finance climatique mondiale, par l’intermédiaire des gouvernements centraux.
LoCAL a été déployé au Burkina Faso en 2022 avec la signature d’un « protocole d’accord » avec le gouvernement. À la suite de consultations nationales, trois communes dans trois régions différentes ont été sélectionnées du fait de leur exposition.
Les trois communes construisent actuellement des systèmes d’irrigation à énergie solaire et des bassins de rétention d’eau en utilisant les SRCBP. Un meilleur accès à l’eau sera crucial pour garantir la résilience des jardins maraîchers des communautés et aider au développement d’une pépinière dans le cadre d’un futur projet de reboisement visant à protéger les sols et à combattre la désertification.
À Pabré, des travaux sont en cours sur un jardin maraîcher de huit hectares au périmètre sécurisé. Deux forages sont achevés et déjà opérationnels, et huit bassins de rétention d’eau ont été construits pour l’arrosage d’appoint des cultures.
À Loumbila, les autorités locales et les communautés ont réalisé d’importants progrès dans la réalisation d’un jardin nutritif fécond. Un forage vient d’être construit et est déjà pleinement opérationnel. Equipé d’un château d’eau, de panneaux solaires et de deux bornes d’arrivée d’eau, dont une extérieure au jardin, il permet d’alimenter en eau potable les populations vivant à proximité.
Parallèlement, à Saponé, l’aménagement d’un jardin maraîcher alimenté par un système d’irrigation en eau est en voie d’achèvement. Un forage a également été fait et est aussi opérationnel. La clôture du périmètre est en cours.
Des investissements combinés à la formation et au renforcement des capacités
En parallèle de leurs investissements, deux des trois communes ont commencé à organiser des séances de renforcement de capacités à destination des futurs usagers des installations nouvellement construites. À Loumbila, les exploitants du jardin nutritionnel ont été formés aux techniques de culture intelligente du Baobab et du Moringa, et à l’utilisation du goutte à goutte pour leur irrigation.
À Saponé, les agriculteurs ont également bénéficié de sessions de formation sur la gestion des ressources naturelles et l’agriculture intelligente face au climat. Ils ont notamment été initiés à l’utilisation du ‘Zaï’ (une technique traditionnelle consistant à creuser des fosses pour récupérer l’eau et concentrer le compost) et à la régénération naturelle assistée (RNA) : un mélange de plantation active et de restauration passive, où les communautés interviennent pour aider les arbres et les espèces endémique a se rétablir naturellement, en réduisant les menaces sur leur croissance, s’appuyant notamment sur leur connaissances de la terre et sur leurs traditions ancestrales.
Prochaines étapes
Les trois communes sont aujourd’hui en passe d’achever les activités prévues dans leurs plans d’investissement - avant la fin de 2023. La toute première revue annuelle des performances (RAP) de LoCAL Burkina Faso - pour laquelle les acteurs concernés ont déjà été formés et préparés - sera menée en début 2024. Son objectif sera d’évaluer les performances des communes pour voir comment les ressources ont été utilisées et de réaliser des audits dans le cadre d’un processus national régulier. Les résultats de la RAP permettront de calculer le montant des subventions pour le prochain cycle et de déterminer les besoins en matière de renforcement des capacités.
En parallèle, UNCDF - en collaboration avec le gouvernement Burkinabè – continue d’œuvrer auprès de ses partenaires pour soutenir la mise à l’échelle du mécanisme dans le pays. Le Burkina Faso vise notamment l’accès direct au Fonds Vert Climat à travers une proposition régionale multi-pays portée par la BOAD et LoCAL. L’adoption réussie de cette proposition régionale– couvrant le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Niger et le Mali – permettra de débloquer environ 50 millions de dollars pour l’adaptation au niveau local.